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CHAPITRE II

De l'autre côté du tableau

En refermant la porte tout s'est assombri. Mais je pouvais toujours distinguer ce qui m'entourait grâce à la lumière qui filtrait sous la porte.

C'est à ce moment que je l'ai aperçu...

Était-ce réel ? Comment ce pouvait-il qu'une telle chose soit possible ?

Sur le mur en face de moi s'étendait un immense tableau, le plus grand que j'eus l'occasion de voir jusqu'à ce jour. Mais ce dernier était particulièrement effrayant. Non pas à cause des paysages qui semblaient terriblement réels ou encore parce que le peu de personnages dessinés ressemblaient étrangement à ceux que nous avions décrit dans notre livre, ce dont je m'aperçu d'ailleurs bien plus tard. Non, ce qui me terrifia le plus face à ce tableau, c'était de voir le visage de Cédric le jeune garçon disparu peint de telle façon qu'il semblait incroyablement vrai, si bien que me retrouvant face à son portrait j'étais près à le voir bouger et parler. À coté de lui, il y avait un morceau de gourmette, le morceau manquant ! Là, je n'eus aucun doute quant au lien entre le garçon disparu et M. Vacher. Une petite croix rouge était peinte près de son visage sur ce qui semblait être une maison en bois. D'autres portraits comme celui de Cédric étaient dessinés de part et d'autre du tableau, tous aussi réussis les uns que les autres, tous avait un objet près d'eux et tous avaient cette même petite croix rouge. La chose semblait incroyable, impensable, complètement absurde !

Il y avait à ma droite un petit meuble sur lequel était posé un livre de couleur rouge, en m'approchant je pu lire sur la couverture le titre : « NORACH ». Mais je n'eus pas le temps de l'ouvrir, j'entendis M. Vacher entrer dans sa chambre, je pouvait reconnaître le bruit que faisait sa porte entre mille. Elle grinçait d'une telle manière que lorsque mon voisin l'a ouverte pour la première fois, voulant me montrer rapidement le lieu où il dormait, j'eus un fou-rire à m'en donner mal au ventre.

La seule chose qui me donna mal au ventre dans la pièce du tableau était de savoir que M. Vacher était juste à coté et qu'il ne tarderait pas à entrer où je me trouvais. Il fallait absolument que je me cache. Sur ma gauche était empilé un tas de cartons, reste du déménagement. J'en cherchai alors un assez grand et ne sachant pourquoi, je pris le livre avec moi et me glissa à l'intérieur, ce n'était pas le meilleur endroit pour me cacher, mais dans la précipitation je n'avait rien trouvé de mieux.

 

La porte s'ouvrit... Je ne bougeai plus, n'osant même plus respirer, les battements profonds de mon cœur résonnaient si fort dans mes oreilles que j'en eus un mal de tête affreux. Les bruits de pas lorsque mon voisin s'avança devant le tableau me firent frissonner de terreur. Il s'arrêta un moment. Je ne le voyais pas, je devinais seulement qu'il se trouvait face au tableau mais impossible de savoir ce qu'il faisait.

Soudain, mon cœur s'arrêta de battre. Il se mit à fouiller près des cartons, il savait donc que j'étais là ! Des larmes perlaient sur mes joues, je tremblaient de tout mon corps, j'étais persuadé que j'allais mourir dans cette maison, j'étais convaincu qu'il allait me tuer, comme il l'avais surement déjà fais à Cédric, puis peindre mon visage sur cet affreux tableau. À ce moment là, Quentin me réapparu devant les yeux, si je l'avais écouté dès le début, je n'en serais pas là. Il avait vu quelque chose de mauvais chez M. Vacher, et il avait raison.

Je repensais à tout ces moments, passé chez mon voisin, comment n'ai-je pas pu voir que M. Vacher était quelqu'un de méchant ? Je n'ai même pas vu qu'il était impliqué dans la disparition de Cédric, et en voyant la gourmette de ce dernier sur le tableau, j'étais sûr que mon voisin lui avait fais du mal.

Et qu'allait-il faire de moi maintenant ?

Je priais pour qu'il n'ai pas l'idée d'ouvrir tous les cartons entreposés...

Il s'arrêta de chercher. J'entendis ce qui semblait être des morceaux de bois s'entrechoquer mais je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être.

Puis je pu réentendre ces chaussures claquants sur le parquet de la pièce.

Un petit bruit me vint ensuite au oreilles, léger, comme si l'on écrasait un fruit trop mur avec une grande douceur. Je compris aussitôt se qu'il faisait, il commençait à peindre, le bruit provenait des morceaux de bois que j'avais entendu, c'était des pinceaux, qu'il trempait surement dans la peinture. Se pouvait-il que mon voisin ne se soit pas rendu compte de ma présence ? Ou alors... Il devait peindre mon visage sur le tableaux ! Des frissons on couru le long de ma colonne vertébrale. J'essayais de trouver un moyen de m'échapper, mais c'était prendre trop de risque, il savait peut-être que j'étais dans la pièce et était sur ces gardes.

Ce moment me paru alors une éternité, je l'entendait peindre sans s'arrêter, je restais recroquevillé dans mon carton, écoutant le bruit du pinceau, tremper dans la peinture, s'écraser contre la toile puis recommencer. J'eus l'impression d'être rester des heures dans ce carton poussiéreux, si bien qu'à un moment je sentis mes paupière tomber. J'en fus abasourdi. Combien de temps étais-je resté là-dedans pour tomber de sommeil comme cela, alors que M. Vacher était toujours dans la pièce ?

Je fatiguais à mesure que le temps passait, j'en venais à me pincer jusqu'au sang pour me tenir éveillé.

Mais je finis par m'assoupir, fermant les yeux, doucement, puis complètement. À ce moment alors, je me senti si léger, que je me vis sortir du carton, passant au travers de la matière, et m'avancer, effleurant à peine le sol, pour voir M. Vacher devant le tableau.

Il avait peint mon portrait comme je le pensais. Et juste quand je regardais, je le vis placer un petite croix rouge près de mon visage, au milieu d'un décor de forêt. Puis il se retourna un large sourire sur son visage, mais qui s'effaça presque aussitôt.

Il s'avança à l'endroit où se trouvait le livre que j'avais pris, furieux il donna un grand coup de pied dans le carton dans lequel je me trouvais et l'ouvrit avec rage, mais à ma grande surprise, mon corps avait disparu.

Il hurla de colère :

- "Non ! Non ! Non ! Qu'à tu fais ? Rends le moi !"

Le visage rouge, il proférait des injures de toute sorte. Quant à moi, aucun mot n'aurais pu décrire mon étonnement à ce moment, je voyais mon voisin, dans une colère comme je ne l'avais jamais vu auparavant, cherchant le livre que je tenais dans les mains, j'étais au milieu de la pièce mais il ne me voyait pas. "Suis-je mort ?" me demandai-je. Je n'arrivais pas à croire à un tel phénomène. Mais je n'eus pas le temps de me poser d'autres questions, je sentis mon corps s'alourdir, reprendre consistance, la lumière se fit si forte que je fus aveuglé, perdant tous mes repères en un instant... Un tel choque pour moi que je m'évanouis.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté endormi, mais à mon reveille, je ne pus me résoudre à penser que j'étais conscient.

 

J'ouvrais les yeux avec peine sur une immense forêt. Tout autour de moi les arbres grimpais si haut et leur feuillage était si dense que je ne pouvais distinguais leur cime ni voir le ciel. Mais une douce lumière illuminait les lieux et donnait un aspect magique et serin à cette immensité verdoyante.

De nombreux buissons m'entouraient ainsi que d'innombrable fleurs bleues parsemant le sol doux et moelleux sur lequel je me trouvais.

Tendis que je me relevais péniblement encore étourdie par le phénomène qui venait de m'arriver, j'entendis un léger chuchotement dans mon dos, je demeurai un moment immobile, l'ouïe aux aguets. De nouveau je perçus de fine parole, je me retournai vivement, mais je ne vis que les arbres, les buissons, et les fleurs. L'angoisse me pris soudainement, les chuchotements en était la cause, mais je me sentais également qu'on me regardais. Je me mis à avancer prudemment, regardant les buissons avec inquiétude. Mais une chose à laquelle je m'attendais pas du tout se produit, à mes pieds les fleurs bleues se mirent à bouger et s'écarter de mon passage. J'entrepris de m'approcher de l'une d'elle mais celle-ci se déplaça si rapidement que je n'eus pas le temps de l'observer. Je demeura un moment immobile fixant ces drôles de fleurs, à priori banal quand l'une d'entre elle, la seule qui était jaune, vint à mes pieds. De nouveaux les chuchotement reprirent. Ils provenaient de la fleur qui s'était approchée. Je tendis l'oreille en me penchant et me rendit compte que j'entendais de mieux en mieux les paroles prononcées jusqu'à les comprendre parfaitement :

- "...ne voulons pas de vous ! Est-ce bien clair ?

- Comment ? Vous... Vous parlez ? Balbutiai-je.

- Ne m'entends-tu pas ? Me demanda t'elle sur un ton énervé. Bien sur que je parle, d'où sort tu petit ?

​- Je... Je ne sais pas... Enfin si... mais... Comment se fait-il que je soit là ? Où suis-je ?

- Encore un illuminé qui vient d'une autre contrée ! Tu es ici à Norach crétin ! Un monstre de ton espèce et aussi stupide que toi a débarqué il y a des années de cela. Il vit près du mont Oréadien là-bas, droit devant toi. Vas donc et laisse nous en paix !

- Vous voulez dire que d'autre personnes comme moi sont ici ?"

La petite fleur soupira visiblement agacé par mon ignorance totale.

- "Évidement ! Une femelle de ton espèce est arrivée il y a peu de temps. Elle est apparu à l'Est sur le plateau Eimonue à environ deux jours de marche.

Je remerciais grandement cette petite fleur pour ces indications précieuses. J'avais tant d'autres questions... Mais ne comprenans pas tout ce qui m'arrivait je préféré me retrouver seul un moment.

D'autres comme moi étaient ici et devais les retrouver ! 

Mais où aller ? Au Nord-Ouest, gravir le mont Oréadien pour retrouver le garçon qui y avait élu domicile ? Ou à l'Est sur le plateau Eimonue pour tenter de retrouver la fille arrivée quelques jours avant moi ?

Cloture non fixé pour ce 1er vote.

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